L’art des questions (06/03/2021)

Le questionnement est un volet important de nos parcours. Il donne lieu à une réflexion personnelle à partir d'un récit et des notes exploratoires* qui l'accompagnent. Il est repris en session sous la houlette du "Maître ignorant". Que l'on pose des questions aux autres ou que l'on s'en pose à soi-même, la tournure que nous leur donnons peut tout changer. Il y a aussi les questions que l'on ne songe pas à se poser, telle celle donnée en exemple dans le texte ci-dessous. Cette note est extraite de mon parcours "Président!" destiné au nouveaux dirigeants bénévoles des organisations relevant de l'économie sociale.

Jacques Monod aurait dit : « Les questions font avancer, les réponses font camper ». 

Marilee Adams, fondatrice de l’Inquiry Institute, distingue deux postures qui s’excluent l’une l’autre: : celle du "jugeur" et celle de l’apprenant. Pour comprendre, donc pour apprendre, il faut s’abstenir de juger. Le plus souvent, cependant, nous voulons des réponses rapides et tranchées que seuls des préjugés peuvent nous donner**. 

Selon Frédéric Falisse***, les questions que nous posons spontanément ne nous permettent d’accéder qu’à 15 % des possibles. Parce que, de ceux-ci, nous avons une idée préconçue et qu’à notre insu la formulation que nous donnons à nos questions est comme un entonnoir qui induit un champ de réponse restreint. Frédéric Falisse développe ce qu’il appelle « la questiologie ». Dans l’univers scolaire, les questions sont conçues pour qu’il n’y ait qu’une seule bonne réponse. Dans la réalité qui, au delà de la représentation que s’en fait notre esprit, est souvent complexe et en partie mystérieuse, il n’y a pas une bonne réponse, mais des réponses qui ouvrent des pistes.

Sans progrès dans notre compréhension de la réalité - ou dans la conscience de la complexité qui nous échappe - nous ne pouvons généralement pas poser des actions efficaces. 

Quelques pistes pour progresser dans l’art des questions

¤ Privilégier les questions « ouvertes »: plutôt que demander si telle chose est envisageable, demander « dans quelle mesure » ou « à quelles conditions » elle le serait. 

¤ Se demander: « Quelles sont les hypothèses cachées derrière les réponses que nous obtenons ? » Par exemple, faisons-nous l’hypothèse que les gens sont paresseux ?

¤ Changer le registre des interrogations: mettre de côté, par exemple, le registre intellectuel pour poser une question dans le registre émotionnel, etc. Non pas: « Qu’en pensez-vous ? » mais par exemple: « Qu’est-ce que cela vous fait ? »

Exemple d'ouverture d'une piste de réflexion proposée par Frédéric Falisse:

Question initiale: quelles influences choisissez-vous de subir ?

Piste de réflexion : On ne peut pas ne pas être influencé. Par contre, choisir ses influences permet d'exercer son libre arbitre, et d'éliminer celles qui ne nous conviennent pas.

* Cf. les publications précédentes. 

** Marilee Adams, Changez vos questions, changez votre vie, Editions Myoho, 2010. 

*** https://www.questiologie.fr 

 

Prochaine note du samedi: "De la survie à l'évolution"

08:00 | Tags : questionner, décider, comprendre, liberté, libre-arbitre, management | Lien permanent | Commentaires (0)