Du rapport à soi-même (15/05/2021)

Je poursuis le partage des ressources remises aux participants à mes parcours Autotélos avec cette "note exploratoire" sur le rapport à soi-même. Elle n'est pas sans rapport, vous le verrez, avec ma précédente publication. J'entends souvent des gens qui se font les bourreaux d'eux-mêmes. Ratent-ils quelque chose qu'ils se traitent de tous les noms. Ils sont à la fois l'adulte sévère et l'enfant fautif, celui qui brandit le bâton et le malheureux bourricot qui reçoit les coups. C'est être divisé contre soi-même. C'est gaspiller son énergie dans un conflit intérieur au lieu de la tourner vers l'extérieur pour agir et créer. C'est comme une hémorragie interne: le sang coule en pure perte. Un bon rapport à soi-même est le début d'un thème sur lequel je reviendrai et que j'appelle: être le Pygmalion de soi-même. 

La Québécoise Marie-Pier Charron pose cette question: « Quand vous tombez, où atterrissez-vous ? Atterrissez-vous sur un jardin de fleurs, ou sur un jardin de clous ? Lorsque vous trébuchez – en faisant des actions plus ou moins adéquates ou en prononçant des paroles maladroites, par exemple – qu’y a-t-il au sol pour vous accueillir ? Un filet de sûreté ou une rivière de crocodiles affamés ? » Et d’ajouter: « L’accueil que vous vous réservez lorsque vous tombez détermine la force avec laquelle vous oserez vous lancer, la liberté avec laquelle vous vous mouvrez, et, donc, naturellement, la magie des choses que vous accomplirez. »* 

Peut-être avez-vous déjà assisté à ce genre de scène: un enfant tombe, il a eu peur, il s’est fait mal, il pleure, et en plus il essuie des moqueries ou se fait morigéner. Cela vous semble-t-il adéquat ? Ne vous arrive-t-il pas de penser que, s’il s’agit de prévenir une autre chute, la frayeur que l’enfant a ressentie suffira à l’avertir ? Que va-t-il en résulter selon vous sur sa construction psychique ? A voir ses erreurs ou ses maladresses alourdies de reproches ou de sarcasmes, il intériorisera une voix agressive qu’Eric Berne appelle « le parent critique ». Dans certaines circonstances, tout se passera comme si un juge tatillon, harceleur, voire destructeur, le surveillait. A l’instar d’un groupe divisé contre lui-même, un tel règlement de comptes engendre un affaiblissement de la personne. Certes, il y a les partisans de la férule qui stimule, mais la lassitude, le découragement, l’épuisement, et éventuellement la maladie peuvent nous attendre au détour du chemin. L’injonction « sois parfait «  peut faire de nous le persécuteur de nous-même. 

Il y a deux sortes d’amour: le « je t’aime » et le « je t’aime si… » Le socle sur lequel se construit notre équilibre et la ressource de notre force est l’amour inconditionnel: le « je t’aime ». Cet amour n’a rien à voir avec le narcissisme. Il consiste à être pour soi-même le compagnon dont on rêve. Cependant, à notre âge, nous hébergeons tous déjà un parent critique: que faire de lui ? Ce que nous ferions si nous nous trouvions face à quelqu’un de trop sévère avec un enfant: dialoguer. En appliquant les principes de la communication bienveillante: s’agissant d’un dialogue intérieur, il convient de garder à l’esprit la préservation de notre unité psychique. Si les circonstances sont particulièrement délicates, nous aurons intérêt à aller écouter cette voix bienveillante in real life. 

S’il vous arrive d’échouer, d’être maladroit, c’est que vous avez eu le courage d’essayer, de faire quelque chose. Préparez vous un jardin de fleurs ou un filet de sécurité. Vous le méritez bien. 

 

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