Rétroactions positives ou négatives (01/06/2021)

 "(...) l’action se déracine de l’acteur, soit pour s’amortir dans les rétroactions négatives, soit pour déclencher des rétroactions positives inattendues." 

Edgar Morin, La Méthode, 2. La Vie de la Vie, Points, 1980.

Dans la conception des parcours Autotélos, je n'ai pas été seulement inspiré par les ouvrages didactiques que je cite en bas de page. Les histoires, qu'elles soient des fictions, qu'elles relèvent du récit historique, de la biographie ou de l'autobiographie m'ont aussi nourri. 

Reconnaitrez-vous de quel roman il est question ici ? 

"Un poste important, une vaste maison, une femme élégante, un bébé: pour tout le monde il a réussi. Pourtant, à ses yeux, rien n'est moins sûr: de son rêve d'enfant (...) il ne reste plus rien. Le sentiment d'être un imposteur dans sa propre existence est de plus en plus fort".  

Il s'agit de "L'homme qui voulait vivre sa vie" de Douglas Kennedy.

Le paradoxe est que l'homme qui voulait vivre sa vie ne faisait rien pour y parvenir. Il était comme une coquille de noix sans gouverne propre, que le courant le plus fort emporte. La décision de bifurquer semble avoir été prise par le destin, à moins que l'on invoque une pulsion destructrice de l'inconscient véhiculant le désir d'un chaos éventuellement re-créateur. Pour peu que le "héros" assume la situation qu'il a créée. Je n'en dis pas plus afin de ne pas divulgacher le roman à ceux qui ne l'auraient pas lu. 

Mais quelle épreuve - quel prix à payer - résulte de la rencontre de frustrations rancies, du mécontentement de soi, avec l'humiliation! C'est comme une poudrière cachée sur laquelle tombe une étincelle. Avant d'en arriver là, peut-on imaginer de s'engager dans un processus préférable ?

Pour le meilleur joueur d'échec, imaginer la partie au delà du troisième ou quatrième coup à venir est impossible. Trop de possibilités s'accumulent, et la logique que l'on prête aux réactions de l'autre pour les anticiper et imaginer les scénarios possibles peut être illusoire. Or, l'échiquier aux soixante-quatre cases et trente deux acteurs est, par rapport au monde qui nous enveloppe, d'une simplicité rudimentaire. 

A moins de nous renoncer, ce qui peut nous conduire à une violence plus ou moins larvée contre les autres ou contre nous-mêmes - par l'intermédiaire par exemple de la maladie - nous n'avons pas d'autre voie que celle que balise l'intention et sur laquelle nous aurons à accueillir les inattendus qu'engendrera notre marche en avant.

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