Nos trois besoins psychologiques fondamentaux (20/02/2021)

Comme je vous le disais dans mon « Prologue », j’aime beaucoup ce modèle. Il est simple et pertinent, et, surtout, il inspire des questions et, lorsqu’on est en session, des échanges intéressants.  Le point à souligner est que le remplacement d’un gisement qui s’est tari, par exemple celui où nous puisions notre sentiment de sécurité, ne se fait pas forcément à l’identique. Comme on le verra avec un autre modèle des besoins humains que je vous présenterai bientôt, il y a plusieurs manières de répondre à un même besoin. D’ailleurs, changer de mode de vie et de société, c’est choisir des réponses différentes. 

Selon l’anthropologue américain Robert Ardrey (1908-1980), l’être humain a trois besoins psychologiques fondamentaux: de sécurité, de stimulation et d’identité. 

Le besoin de sécurité et celui de stimulation peuvent sembler antagonistes. En fait, ils sont complémentaires. Une vie dominée par la satisfaction du besoin de sécurité serait lénifiante, étouffante, alors que vouée à la seule stimulation elle deviendrait infernale et conduirait à l’épuisement.

Le besoin de stimulation peut d’autant mieux trouver de réponses que le besoin de sécurité a eu les siennes. On peut prendre pour métaphore de ce rapport sécurité / stimulation les premiers armateurs qui lancèrent leurs vaisseaux à la conquête du Nouveau Monde et qui, pour cela, inventèrent les assurances. L’équilibre optimal entre les besoins de sécurité et de stimulation est variable suivant les personnes et, pour un même individu, en fonction du moment de sa vie et de son évolution.

Le besoin d’identité est peut-être plus difficile à cerner. Il y a tout ce qui fait que, dans certaines circonstances, nous nous sentons respectés ou non dans nos goûts, nos valeurs, le sens que nous donnons à notre vie. La façon dont nous nous représentons notre réussite peut également être une manifestation de notre identité. Toutefois, nous avons pu hériter de nos parents ou de notre milieu social une représentation de la réussite qui nous demandera un effort d’adaptation constant et à force usant, car elle ne correspond pas à nos aspirations authentiques. Un autre phénomène peut se produire: la réduction de notre identité à un climat intérieur généré par un traumatisme. Par exemple, à la suite de déceptions, nous pouvons n’être plus que notre rancoeur et notre désir de vengeance. 

Les sources de satisfaction de ces trois besoins sont nombreuses et hétérogènes. On peut satisfaire son besoin de sécurité par des sources extérieures - les revenus que nous percevons, la célébrité ou la reconnaissance dont nous jouissons, etc. - ou intérieures - la confiance que nous avons en nous-même ou en notre bonne fortune, notre foi religieuse, le sens que nous donnons à notre vie, etc.  Il en est de même en ce qui concerne les sources de stimulation: elles peuvent aller des sports extrêmes à la création artistique, en passant par la réalisation d’un ouvrage bien fait, l’animation d’une association, l’éducation  des enfants, etc. 

S’il y a en général chez une personne, pour chacun des besoins, un gisement prédominant, il n’est jamais unique. L’évolution d’un individu peut s’observer à travers l’évolution du poids relatif de ses trois besoins et de la nature de leurs différentes sources de satisfaction. Même les réponses au besoin d’identité évoluent. Par exemple, de nos jours, les career shifters se multiplient, de brillants traders, las de jongler, deviennent permaculteurs. Les changements, qu’ils soient subis ou voulus, nous obligent à revoir les sources de satisfaction de nos besoins. Ils peuvent aussi nous induire à explorer des gisements de nature différente de ceux auxquels nous avons l’habitude de puiser, et faire ainsi évoluer la manifestation de notre identité. 

08:00 | Lien permanent | Commentaires (5)