Honorer les résistances (20/03/2021)
Quand j'ai découvert l'Approche narrative de Michael White, j'ai eu la sensation immédiate d'être chez moi. J'ai eu la chance et le plaisir d'approfondir ma compréhension de cette approche grâce à Dina Scherrer et à Pierre Blanc-Sahnoun à qui je renouvelle ici mon amicale gratitude. Parmi les outils qu'ils m'ont fait découvrir, il y a "Honorer les résistances" que vous trouverez présenté ci-dessous. Cette note vous paraîtra sans doute succincte, mais souvenez-vous que c'est une ouverture à la réflexion personnelle et, dans le cadre des sessions périodiques qui rythment mes parcours, un point de départ aux échanges.
On parle souvent, dans les entreprises, de la « résistance au changement », et parfois comme s’il s’agissait d’une tare. Mais n’y a-t-il rien de plus naturel, rien de plus légitime, de plus compréhensible au surplus, que cette résistance ? Quel est l’être vivant qui abandonnerait pour l’inconnu un écosystème où il a trouvé la satisfaction de ses besoins fondamentaux(1) ?
Pour autant, dans certaines circonstances, nous avons le sentiment que la sauvegarde de notre bonheur ou notre accomplissement passent par une décision délicate à laquelle s’opposent nos résistances intérieures. Nous aimerions alors trouver le bouton « off » sur lequel appuyer afin qu’elles nous rendent notre liberté.
L’école des « Approches narrative » du psychothérapeute australien Michael White s’est intéressée à ce sujet. Ses principales conclusions sont les suivantes.
1. Toute résistance que nous ressentons en nous manifeste la présence d’une énergie.
2. Si cette énergie s’est investie dans une résistance, c’est avec l’objectif de nous protéger.
3. L’intention, derrière une résistance, est bonne, dans le sens où elle ne veut que ce qu’elle considère comme notre bien.
Quand nos résistances nous encombrent, notre réflexe est de faire la sourde oreille, de les nier, de les refouler. Le problème qui surgit alors est qu’une résistance que l’on essaye de refouler se renforce. Imaginons qu’on veuille vous traîner jusqu’au bord d’un précipice pour vous jeter dans le vide: vous ne ménagerez pas vos efforts pour échapper à ce sort. C’est ainsi que nos résistances internes se mobilisent, même si le précipice qu’elles veulent éloigner de nous est d’ordre symbolique.
Le résultat, si nous parvenons à passer outre, sera comme d’avancer avec un caillou dans notre chaussure, ou pire, dans certains cas, avec une jambe paralysée. Dans tous les cas, l’énergie mobilisée par la résistance est dérobée à celle dont nous avons besoin pour atteindre dans de bonnes conditions l’objectif que nous avons choisi. Alors, que faire ? Que feriez-vous à l’égard d’un honnête serviteur qui n’a d’autre souci que votre sûreté et votre bien-être ?
De même, quand nous nous trouvons face à une résistance chez un interlocuteur et que nous sommes tentés d’en ressentir du dépit et de la colère, nous pouvons changer notre regard et nous demander quelle est la cause honorable de cette résistance en lui. Nous serons alors à même de tenter d’établir avec lui une relation plus saine et plus féconde que celle où nous conduirait l’affrontement.
(1) Selon l’anthropologue Ardrey: les besoins de sécurité, de stimulation et d’identité.
Cf. http://capaularge.blogspirit.com/archive/2021/02/20/nos-t...
08:15 | Tags : approches narratives, michael white, résistances, changement | Lien permanent | Commentaires (0)