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La Rose des Vents: 4. Le processus de l’action

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Au moment où on la prend, une décision n'est objectivement ni bonne ni mauvaise. Comme on l'a vu précédemment, toute décision est un pari car elle entre dans un monde complexe dont nous ne savons pas tout et dont les réactions, en bien ou en mal, peuvent nous surprendre. Quand de Gaulle a prononcé l'Appel du 18 juin, il n'imaginait pas ce que seraient les cinq années suivantes et, notamment, qu'il aurait surtout à résister aux Alliés. Comme l'a montré Jean-Luc Barré*, pour assumer les conséquences de sa décision il lui restait à "devenir de Gaulle". C'est ainsi que l'action nous invite à être à la hauteur de notre décision. C'est ainsi, également, que l'action est le seul moyen de faire que notre décision soit bonne.    

Toute action que nous accomplissons engage une dimension extérieure où elle est jugée sur son efficacité, et une dimension intérieure où le critère d’évaluation est sa congruence avec notre identité, nos valeurs, nos objectifs personnels. Il y a des actions dont le retentissement en nous est tel que nous ne reviendrons jamais en arrière. Certaines parce qu’elles nous construisent, d’autres parce que, contraintes, elles peuvent nous détruire. Certaines personnes dressent un mur entre ce qu’on leur demande de faire et leur moi profond. Cependant, le véritable enjeu, l’épanouissement, est de pouvoir être tout entier dans son action.

Une manifestation qui se veut pacifique tourne à l’échauffourée. Le traitement administré par le Dr House, au lieu de l’améliorer, aggrave l’état de son patient. L’assaut qui devait emporter les positions ennemies s’enlise dans les tranchées… Comme l’a écrit Edgar Morin: « toute action échappe de plus en plus à la volonté de son auteur à mesure qu'elle entre dans le jeu des inter-rétro-actions du milieu où elle intervient. Ainsi l'action risque non seulement l'échec, mais aussi le détournement ou la perversion de son sens ». Mais l’inverse arrive aussi. Les résultats de l’action peuvent dépasser toutes les espérances. Un éditeur prend le risque de publier un manuscrit qu’une dizaine d’autres a refusé, et ce sera l’inimaginable succès de Harry Potter. Ce qui est en cause, de même que pour la décision, c’est la complexité du milieu dans lequel l’action s’insère, qui fait que sa rencontre avec elle recèle un potentiel d’imprévisibilité.

Agir engendre des interactions avec d’autres personnes, soit qu’elles subissent directement ou indirectement les conséquences de nos actions, soit qu’elles aient à y participer, et parfois les deux. De multiples raisons peuvent faire des autres des alliés ou des opposants, subjectifs ou objectifs, actifs ou passifs.

L’action a aussi rapport au temps: celui que nous consacrons à sa préparation et à son exécution, le moment que nous choisissons pour l’engager. Elle a rapport à notre représentation de la réussite: s’agit-il de l’emporter discrètement ou spectaculairement ? Dicté par un conditionnement personnel, exigé par la culture de l’organisation pour laquelle nous travaillons ou le caractère d’un supérieur, l’activisme peut se substituer à l’action: une agitation illusoire qui rassure. A l’opposé, on a les enseignements de la Chine ancienne: la recherche du plus grand résultat par le moindre investissement d’énergie. 

Enfin, il y a de grandes actions, bien sûr, mais les petites actions convergentes et répétées sont fécondes dans le temps.

Remarque importante: l’interaction entre les quatre processus est au coeur de notre équilibre et de notre efficacité. C’est le maillon défectueux qui détermine la solidité de la chaîne. 

* Jean-Luc Barré, Devenir de Gaulle, Librairie Académique Perrin.

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