Spinoza a écrit que, contre le malheur, il faut cultiver beaucoup de pensées heureuses. C’est le sens de l’un de ces rares souvenirs que mon père racontait de sa captivité en Allemagne. Au sein de son groupe de prisonniers de guerre, ils ne manquaient pas une occasion de se raconter ce qu’ils feraient lorsqu’ils seraient libérés et de retour au pays. En plus, ils rajoutaient des histoires comiques et partaient dans de grands éclats de rire. Ce dont ils abusaient, sachant que cela agaçait et démoralisait leurs geôliers. Les passions tristes et la rumination morose sont le plus sûr moyen de sombrer. Je connais quelques personnes à qui le confinement et la menace pesante du covid a coupé les "ailes du désir". C'est un dégât collatéral à prendre en compte car ceux qui en sont victimes non seulement se privent de leur vie mais, en outre, ils privent les autres de ce qu'elle pourrait rayonner et redonner. Le ruissellement ne doit pas être un concept exclusivement hydrologique.