« Le K » est une nouvelle de l’écrivain italien Dino Buzzati (1906-1972), l’auteur du « Désert des Tartares ». Elle met en scène une jeune garçon, Stefano, dont le père est capitaine au long cours. Stefano lui confie un jour que, comme lui, il veut parcourir les mers. Le père l’embarque derechef à bord de son navire. Alors que, depuis la poupe, le gamin contemple l’océan, il aperçoit à deux ou trois cents mètres un point noir qui semble les suivre et, intrigué, il l’observe. Au bout d’un certain temps, ne voyant plus l’enfant, le père part à sa recherche et le retrouve, le regard rivé au loin. Stefano lui explique ce qu’il a remarqué. Dans un premier temps, le père scrute la mer à l’oeil nu, mais ne voit rien. Il déploie alors sa longue-vue, la braque dans la direction indiquée et, soudain, blêmit. Il dit alors au gamin qu’il s’agit du « K », un monstre marin, et que c’est de mauvais augure qu’il le suive ainsi.
-
-
Le boulet d’Inigo
Une fois n’est pas coutume, afin d’illustrer ce que peut être une bifurcation de vie, je vais évoquer un personnage de l’histoire de l’Église. Issu de la noblesse basque espagnole, Inigo est un homme de cour, une sorte de haut-fonctionnaire auprès du vice-roi de Navarre. Son tempérament enflammé et son intelligence calculatrice ne peuvent qu’annoncer un grand avenir politique, quand, l’année de ses trente ans, lors d’un siège, un boulet de canon lui brise le genou.