Puisque j'ai évoqué Socrate dans ma dernière publication, je vais rester avec lui. Le jour où, jugé coupable d'impiété et de pervertir la jeunesse d'Athènes avec ses idées, Socrate doit absorber la ciguë, il arrive prenant de son professeur une dernière leçon de musique. « À quoi te sert, Socrate, d’apprendre à jouer de la lyre puisque tu vas mourir ?" lui demande-t-on. Et lui de répondre: " À savoir jouer de la lyre avant de mourir ». Je trouve d'abord que cette réponse est autotélique: l'activité qu'il pratique n'a pas besoin de se justifier. Peu importe que, dans un instant, il ne sera plus de ce monde. Apprendre est une activité qui en soi peut se suffire à elle-même. J'ajouterai aussi qu'apprendre à jouer de la lyre quand on est, comme Socrate, un philosophe et un soldat, revient à cultiver une autre forme d'intelligence que celles jusque là exercées. A l'occasion de ce que nous appelons "Ecole buissonnière", nous invitons nos stagiaires à identifier les formes d'intelligence qu'ils ont laissées de côté et à faire l'expérience de les taquiner.
