Au moment de prendre un nouveau poste dans une nouvelle entreprise, ou d'emménager dans un autre lieu, ou de rejoindre une nouvelle équipe, le processus d'appropriation que nous avons vu précédemment peut nous fournir un gros volume d'informations. Le complément en est celui de la relation: si nous ne tissons pas notre futur environnement humain, si nous n'établissons pas avec nos semblables des relations de bon niveau, si nous ne développons pas un réseau fiable, nous serons à la peine. De même si nous ne savons pas terminer ou au moins mettre à distance certaines relations qui nous alourdissent ou nous intoxiquent.
On peut définir le processus de relation d’une personne comme le flux permanent d’interactions qu’elle a avec les autres: pairs, hiérarchiques, subordonnés, clients, etc. Ce processus est plus ou moins riche selon l’ouverture de la personne, sa vision du monde: mécanique ou vivante. Il prolonge celui d’appropriation en ce qu’il permet de connaître le fonctionnement informel de l’organisation: les règles « qui vont de soi » et ce que certains appellent « l’organigramme caché ». Piloté, le processus relationnel permet de développer des réseaux qui apporteront des informations, une vision plus large de l’organisation, de l’entraide, du soutien.
De la qualité de ce processus dépendent la préservation de notre équilibre psychologique, l’aptitude à libérer les potentialités de nos collaborateurs, le traitement positif des conflits. Sa caractéristique est l’alternance d’engagement et de désengagement résultant de la succession des projets, des missions, des responsabilités hiérarchiques et des appartenances à telle ou telle unité de l’entreprise. Une de ses subtilités est de naviguer entre relations affinitaires, affectives ou fonctionnelles d’intensité et de durées variables, dans un environnement qui se veut purement rationnel.
L’une des difficultés inhérentes au management de ce processus est de devoir combiner l’engagement avec la protection de soi, la proximité psychologique en même temps que la distance nécessaire à l’objectivité et à l’exercice de ses responsabilités.
Une autre difficulté tient au fait que notre processus relationnel ne se limite pas aux relations professionnelles mais embrasse également nos relations privées. Il peut y avoir des concurrences et des antagonismes et, parfois, des choix difficiles à faire entre ces deux registres. Comment ménager l’un et l’autre sans appauvrir l’un ou l’autre ?
Le processus relationnel est également complexe car il n’est pas contenu dans la communication explicite. Ce que nous disons n’est qu’un des éléments de ce que nous communiquons. Il y a la façon dont nous le disons, le contexte dans lequel nous le disons, le moment que nous avons choisi (ou non) pour le dire, etc. Tout ce que l’on nous prête de vrai ou de faux, toutes les projections qu’on fait sur nous, vont, en fonction des personnes, lui donner un sens que nous ne maîtrisons pas et susciter une palette de sentiments allant de la confiance à la défiance.
Au bout du compte, le processus relationnel exige de nous, pour notre équilibre, que, tout en faisant de notre mieux, nous renoncions à l’illusion de la maîtrise.