J’ai été un enfant puis un adolescent d’une extrême timidité. A l’école et au lycée, je ne craignais rien tant que d’être appelé au tableau. J’avais pourtant la chance d’être doté d’une excellente mémoire. Ce ne fut d’abord qu’un épisodique inconfort scolaire, mais, jeune adulte, je me suis très vite rendu compte que la peur est le premier des obstacles à nos plaisirs et à notre réalisation existentielle. Comme tous les timides, je pratiquais beaucoup l’introspection et j’observai ainsi ce que j’appellerais aujourd’hui le cycle de vie de mes désirs. Premier temps: je ressentais l’envie de faire quelque chose et je me rêvais en train de la faire. Deuxième temps: sous différents prétextes, je différais le moment de satisfaire cette envie. Troisième temps: dans la majorité des cas, l’envie s’évaporait.
